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Olympique Lyonnais

28 janvier 2007

Arbitrage : quelques mises au point sur les règles

L’arbitrage est au cœur de toutes les critiques depuis le début de l’année. Pas une journée de L1 sans que supporters, joueurs, entraineurs et présidents ne s’en prennent à des décisions qu’ils pensent dirigées contre leur équipe et il faut bien le dire, ils s’expriment souvent à l’occasion d’un match contre l’OL. C’est devenu, cette année, une habitude si fortement ancrée qu’on a fini par oublier que le football est régi par des règles strictes qui ne sont pas soumises à l’interprétation souvent fantaisiste de ces protagonistes. Passons donc en revue certaines affirmations qu’on retrouve d’ailleurs souvent dans les commentaires des blogs.




Comment naissent les légendes du football :

Thierry Henry affirmait après le match France Suisse en Allemagne, match qui avait vu un tir repoussé par la main du suisse Müller : « La main dans la surface de réparation est intervenue à un moment où on dominait, ça aurait pu faire basculer le match, mais une fois de plus l’arbitre n’a rien vu. Je connais la règle, la main a empêché le ballon de rentrer, donc il y avait penalty. » Le problème est que tout le monde connaît la règle…sans l’avoir jamais lue. Combien de joueurs, entraineurs, même professionnel, ont-ils vraiment lu les lois du jeu ? Combien sommes-nous sur ce forum à l’avoir vraiment fait avant de laisser nos avis éclairés sur des questions litigieuses ? Soyons francs, la très grande majorité d’entre nous parlent des règles sans les avoir jamais apprises. C’est ainsi que naissent des légendes du football qui, à force d’être répétées, finissent par former une jurisprudence officieuse qui conduit même les dirigeants et joueurs les plus expérimentés à dire des…conneries, comme Thierry Henry.

Comment naissent les lois du jeu (les vraies)

Image Hosted by ImageFuse.comLe football est régit par 17 lois du jeu publié par l’International FA Board qui se compose des Fédérations de Football d'Angleterre, d'Ecosse, du Pays de Galles et d'Irlande du Nord, qui ont chacune une voix, ainsi que de la FIFA, qui représente les 201 autres associations membres et qui détient en tout quatre voix. Le football étant un jeu anglais, ses règles restent donc aujourd’hui encore fixées par les britanniques (comme pour le Rugby, le Golf, le Polo…). Les lois sont disponibles sur le site de la FIFA ou sur le site de la FFF. http://www.fff.fr/rubrique/arbitrage/loisdujeu/270165.shtml ou http://www.fifa.com/fr/regulations/regulation/0,1584,3,00.html Ces lois sont complétées par des circulaires et instructions émanent de la FIFA, de l’UEFA et de la DNA. Des documents comportant des questions-réponses permettent d’orienter l’interprétation de cas litigieux. En y jetant un coup d’œil, vous verrez qu’il n’est pas si facile qu’on veut le croire d’arbitrer, et que ceux qui réclament à corps et à cri l’application stricte des lois du jeu (quand cela les arrange naturellement) seraient surpris de constater que plus un match, de nos jours, ne pourrait se terminer, faute de joueur... Regardons deux des règles les plus mal interprétées.

La loi 11 relative aux hors-jeux.

Un joueur se trouve en position de hors jeu quand il est plus près de la ligne de but adverse qu’à la fois le ballon et l’avant dernier défenseur. Il n’est pas hors jeu quand il est dans son camp, s’il est à la même hauteur que l’avant dernier défenseur, suite à un corner, une touche ou un dégagement à 6 mètres. Il n’y a également pas de hors jeu si, au moment ou la balle est jouée, le joueur ne prend pas une part active au jeu SELON l’avis de l’arbitre.

« L’arbitre est mauvais, il a sifflé le hors-jeu avec retard » entend-on souvent. Ce qu’on sait moins, c’est que l’assistant a l'obligation de prendre son temps. La circulaire de la DNA du 6 juillet 2005 précise même « que l’arbitre ne doit pas lever son drapeau avant d’avoir considéré la vitesse, direction, distance, déviation du ballon ainsi que le degré de participation du joueur. Il vaut mieux intervenir un peu tardivement que d’être trop rapide et de se tromper ».

« Il y avait hors jeu, on voit même un espace entre l’attaquant et le dernier défenseur » entend-on également, en faisant référence à ce que les anglo-saxons appelle l’air space. » Attention, seuls les pieds, la tête et le corps sont pris en considération, mais pas les bras.

« C’est limite, mais il est hors jeu quand même ». Deux remarques. En cas de hors jeu limite, la règle FIFA répétée tous les ans est très claire. La circulaire précité dit « si l’arbitre assistant n’est pas entièrement sur qu’il y ait hors jeu, le drapeau NE DOIT PAS être levé ». Comment pouvons nous juger la performance d’un arbitre sur un hors jeu quand le ralenti sur Canal est repassé en avant et en arrière plusieurs fois alors que lui doit juger sur l’instant ? Il est normal que cela profite à l’équipe qui attaque. Attention également au décalage crée à la télé par la parallaxe, bien connu des photographes qui ne peut être corrigé qu’en étant sur la même ligne ce qui n’est jamais le cas car les caméras sont fixes. Cela dit, les arbitres nous ont tellement habitué à tuer prématurément toutes actions que nous ne sommes plus habitués à ce qu’ils respectent les consignes. Donc, quand c'est limite, il n'y a pas hors jeu !

Dans l’exemple suivant, l’attaquant de l’équipe A n’est PAS hors jeu car il est couvert par le pied du joueur de l’équipe B et son bras ne compte pas :

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« Ce n’est pas normal, le joueur était hors jeu au début de l’action, c’est un hors jeu de position » est souvent entendu. On parle souvent de hors jeu de position, ce qui est une aberration puisque seul un joueur qui prend part au jeu peut-être signalé hors jeu. Cette règle est peut-être la plus mal acceptée car elle est entièrement soumise à l’appréciation de l’arbitre. En effet, un joueur peut parfaitement être à 10 mètres derrière la défense s’il ne prend pas une participation active au jeu. Il ne doit cependant pas : empêcher un adversaire de jouer, entraver sa vision du jeu ou le distraire ou tirer directement avantage de sa position de hors jeu. Ainsi, un joueur qui fait un appel suivi d’un défenseur ou qui masque la vue du gardien ou qui reçoit la passe parce qu’elle a été détournée par un joueur/poteau doit être signalé hors jeu. Dans les autres cas, il pourra légitimement jouer et marquer comme le précise l’alinéa 2 de la loi 11, renforcée par la circulaire 11.03 de juillet 2005 de la DNA.

La loi 12 relative aux fautes :

Cette loi est l’essence même du football. C’est paradoxalement une des plus courtes. Elle énonce qu’il y a 6 fautes, qui peuvent être sanctionnées même si elles ont été involontaires : donner ou essayer de donner un coup de pied, faire ou essayer de faire un croche pied, sauter sur, charger, frapper ou essayer de frapper, bousculer un adversaire. Ces 6 fautes peuvent être donc sanctionnées, même si le fautif l'a fait involontairement. En plus de ces fautes, il y en 4 autres sans souci de critères : tacler un joueur en le touchant avant le ballon, tirer le maillot ou cracher sur un joueur et TOUCHER le ballon VOLONTAIREMENT de la MAIN. La loi 12 prévoir également des raisons qui justifient les avertissements et les exclusions, sur lesquelles nous allons également revenir.

Image Hosted by ImageFuse.com« Quand un joueur touche la balle de la main dans la surface, il y a pénalty ! » entend-on fréquemment. On retrouve également les variantes suivantes : il y a penalty si le joueur n’a pas les bras collés au corps, il y a main volontaire donc il y a carton (jaune ou rouge) etc. Il s’agit d’une polémique que l’on juge d’ailleurs de manière fort différente quand on est victime ou bénéficiaire : les portugais enragent encore de la main sifflée sur Abel Xavier en demi finale de l’Euro 2000, les Bordelais croient encore avoir été volés par Cris en 2005, Valencienne peste encore contre la main de Niang qui leur fait perdre le match.

Tout d’abord, un arbitre ne peut siffler que des mains volontaires comme l’indique clairement la loi 12. La notion de volonté est soumise à l’appréciation de l’arbitre en fonction de critères simples rappelés par le séminaire UEFA de février 2004. En particulier, est-ce que le ballon va vers la main, est-ce que les bras étaient dans une position naturelle, le joueur avait-il la possibilité d’éviter la balle ? Les défenseurs ne sont donc pas tenus de défendre comme des pingouins avec les mains le long du corps. Par contre, un défenseur qui lève ses bras lors d’un tir, fait semblant de se protéger le visage avec le coude au dessus de la tête (comme sur les coups franc de Juninho) fait une main volontaire car il s’est mis à la faute même si n’a pas fait de mouvement vers la balle. Donc, pas de mains pour Cris contre Bordeaux, pas de main pour Muller contre la France car leur gestuelle est normale.

Au passage, une main volontaire, comme un tirage de maillot n’entraine pas systématiquement un carton (circulaire DNA du 1/7/2003), et si carton il y a, ce n’est pas à cause de la faute elle même mais au titre du comportement antisportif.

« On n’a pas le droit de charger le gardien quand il est en l’air » entendais-je hier soir de la part de Gravelaine sur France 2. Encore une chimère. Le gardien est un joueur comme les autres, à part quand il est blessé. Encore faut-il que la charge soit loyale, précise la une circulaire DNA de juillet 2005, et qu’on ne fasse pas obstacle à l’évolution du gardien. A la lutte pour une balle aérienne, le gardien ne devrait pas avoir plus de considération que l’attaquant, mais en France, au contraire de l’Angleterre, l’habitude a été prise de « protéger » les gardiens au détriment du jeu.

« Cette faute ne méritait pas un carton ! » Il y a beaucoup d’occasions de recevoir un carton, et s’il n’y en a pas beaucoup dans un match, c’est uniquement parce que les arbitres font preuve de retenue. C’est pourquoi ceux qui souhaiteraient une application stricte des règles n’ont pas du bien les lire ! Est passible d’un carton : comportement antisportif, manifester une désapprobation en parole ou en acte, enfreindre avec persistance les lois du jeu, retarder le jeu, ne pas respecter la distance sur un coup franc, entrer ou sortir du terrain sans autorisation. Ainsi, un joueur peut prendre un carton « pour l’ensemble de son œuvre » comme dirait notre ami Thierry Roland, ou simplement pour avoir émis un désaccord sur une décision arbitrale !

« Il n’y a pas faute, car le joueur a touché la balle avant ! » entend on souvent pour justifier du fauchage d’un joueur. Une fois encore, il n’y a pas de règle qui autorise un joueur à découper l’adversaire en deux pourvu qu’il touche la balle en premier ! Faut-il le préciser, un arbitre peut siffler une faute sans même qu’il y ait Image Hosted by ImageFuse.comcontact puisque la loi 12 énonce dans son 1er paragraphe qu’il suffit d’avoir eu l’intention de commettre une faute pour qu’elle soit sanctionnée. Ainsi, un gardien peut éventuellement se voir siffler un penalty s’il montre l’intention manifeste de faire tomber l’attaquant, même s’il le rate. Le tacle doit être effectué avec discernement. Un arbitre doit prendre en considération (Séminaire UEFA, février 2004) la vitesse de l’action, l’intensité, et la mise en danger de l’intégrité physique du joueur. Tout engagement disproportionné doit être sanctionné. Alors, quand on dit, « à vitesse réelle c’est spectaculaire, mais il n’y a pas faute », on a tort car l’arbitre se doit de protéger les joueurs, donc si c'était spectaculaire, c'était dangereux !

« Il devrait y avoir carton rouge car la faute a été commise par le dernier défenseur ». Encore une légende tenace ! Aucune loi ou circulaire ne parle de « dernier défenseur » (comment le définit-on, utilise-t-on la même règle que le hors jeux ?), mais d’empêcher une occasion de but évidente, ce qui est différent. En effet, un faute commise le long de la ligne de touche, ou lorsque l’attaquant n’a pas le contrôle de la balle, ou quand elle est trop loin du but ne doit pas entrainer d’exclusion (circulaire 2004, op. cit.) même si elle est commise par « le dernier défenseur ». A l’inverse, une faute empêchant une occasion manifeste de but, même commise par un autre joueur que le dernier défenseur mérite un carton rouge.

Je n’ai pas souhaité mettre de cas particulier dans ce billet afin de ne pas ajouter de polémique. Il serait cependant souhaitable que ceux qui parlent de l’incompétence des arbitres modèrent leurs propos. On l’a vu la plupart des affirmations utilisées ça et là sont (en partie) fausses. Ce n’est pas parce qu’on hurle avec les loups qu’on a forcément raison…

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